mercredi 2 mars 2011

Journées internationales de la femme, quel bilan ?

Parler de la femme intéresse autant médias-actuels. Par son rôle remarquable dans l'univers médiatique, la femme a su s'imposer comme une vrai actrice de cette sphère de la figuration. Héla! l'aire n'est pas au disours pour cet argumentaire.  C'est faire le bilan des campagnes pour la femme aux allures médiatiques et aux  odeurs politiques.
journées internationales de la femmes, quel bilan pour les sensibilisations?

La journée de la femme qui se célèbre chaque 8 mars de l’année voudrait que le reste de l’année soit placée sous le signe d’un thème. Et l’on va de thème en thème sans vraiment procéder à l’évaluation du thème précédent et se rendre compte des avancées obtenues, se rendre compte également des erreurs commises afin de pouvoir les corriger. Le plus souvent, le thème porte sur un aspect de la vie de la femme qui n’est pas bien compris ou apprécié de son alter ego qui est l’homme. Le bon sens aurait voulu qu’au lieu de multiplier des thèmes, un thème unique occuperait la vie et l’action de la femme sur une bonne durée (cinq ou dix ans). De la sorte, son évaluation serait plus objective car elle permettrait de focaliser l’attention sur des éléments vérifiables.

Embarquée par le think tank des Nations Unies qui brouille les pistes en alignant thème sur thème, la femme congolaise ne peut s’émanciper de cette tutelle écrasante. Ainsi, si la multiplication des lois est le signe de décadence d’un pays comme le disait Montesquieu, celle des thèmes des journées internationales de la femme est le masque d’une incapacité à assumer sa condition de femme en toute dignité. En changeant constamment de thème, les évaluations deviennent plus politiques qu’objectives. Et la rationalité politique disposant de sa logique propre, elle se satisfait toujours au terme d’un exercice.
A côté de la particularité de la rationalité politique, il faut également ajouter la fracture discursive qui présente et met en scène le 8 mars. La majorité des femmes pour qui le thème est conçu n’en comprend pas grand-chose. Les femmes politiques qui se battent pour cela donnent plus l’impression de parler au nom de la majorité silencieuse et illettrée ; elles tiennent un discours sur la femme plutôt qu’un discours de la femme.
Illustration 
Nous ne remonterons pas la liste de tous les thèmes ; le temps et l’espace ne s’y prêtent pas. Nous nous penchons sur deux thèmes qui vont nous aider à illustrer le manque de bilan de la thématique féminine des journées internationales de la femme : Non aux violences faites à la femme et La parité entre homme et femme.
A ne considérer que ces deux thèmes, nous réalisons qu’ils sont encore là avec leur lot de brutalité et d’injustices. La question de la violence faite à la femme nous semble avoir été mal posée. La position du problème est assez réductrice et semble privilégier la femme vivant en zones de conflit armé et perd de vue la violence quotidienne que subit celle vivant en zone pacifique. Le malheur de la femme des zones où règne la paix a été rangé dans les banalités du quotidien qu’il n’émeut plus personne. D’une situation anormale, l’imaginaire collectif a fait une situation normale. Un renversement éthique étonnant. Les femmes sont chaque jour violentées sans qu’aucune d’entre elles n’ait eu le courage de dénoncer. Du coup, le thème de la dénonciation des violences faites aux femmes devient purement et simplement un slogan politique sans aucune incidence sur la vie réelle de la femme qui subit la violence masculine.
La parité jouit d’un même traitement que le refus des violences faites à la femme. Principale revendication féminine de la fin du siècle dernier, la parité est devenue un mot fourre-tout. Et placée à côté de l’égalité qui tient lieu parfois de synonyme, la confusion s’installe et brouille toute intelligibilité. La parité devrait normalement conduire à une représentation conséquente des genres dans les institutions. La parité est un mot comptable : 50-50 ou encore un sur deux. Ici, le problème se pose en termes politiques. Comme avec la violence, la question privilégie la politique au détriment d’autres aspects plus importants : l’économie et le socioprofessionnel. Qu’en est-il de la parité de ce côté-là ? Elle s’évanouit et laisse sa place à l’égalité. Parité et/ou égalité, la réalité sur terrain nous prouve du contraire ; la femme est toujours maintenue en position minoritaire. Le seul mérite de la femme congolaise a été seulement d’avoir obtenu l’inscription de la parité dans la constitution ; le suivi n’est pas son affaire.
Efforts à poursuivre


Femme noire, femme africaine
En appelant à la poursuite des efforts, nous usons d’un euphémisme pour ne pas blesser la femme vis-à-vis de laquelle nous avons un grand respect. En réalité, son bilan des journées internationales de la femme reste en dessous des espérances. Il lui faut redoubler d’efforts dans ce combat aux multiples facettes et ne pas se complaire à jouer le jeu des hommes en surfant de thème en thème. Les évaluations sont des moments d’arrêt importants pour jeter les bases d’un combat futur, porteur de plus de résultats. Ceux-ci ne peuvent être obtenus que si l’on prend correctement la mesure des erreurs commises afin de ne pas les reproduire.
Ainsi, plutôt que de changer de thème alors que les premiers résultats ne sont pas bons, il vaut mieux poursuivre les mêmes efforts jusqu’à leur couronnement. Cette attitude aura le mérite de conférer une grande autonomie à l’action de la femme congolaise. Son émancipation du diktat onusien où se décide des thèmes lui donnera également une autre assise plus solide : tenir un discours de femme et non sur la femme et l’action qui s’en suivra profitera à toutes les femmes congolaises sans distinction de classe sociale.

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